Fouille dans les affaires de papa

Michèle Foulain Dimanche 04 Avril 2021-15:37:11 Presse
Saint-Malo : Par Michèle Foulain
Saint-Malo : Par Michèle Foulain

Un regard sur l’Egypte À Saint-Malo, les giboulées de mars sont fidèles au calendrier, un soleil encore hivernal est entrecoupé d’averses subites et abondantes, accompagnées d’un vent violent, avec des pointes à 120 kms/heure. Presque fortuitement j’ai découvert, il y a quelques jours, des photos de famille soigneusement conservées par mon père, depuis le décès de ses parents. Je profite du mauvais temps pour me plonger dans la résurrection d’un temps lointain. Le passeport de ma grand-mère m’émeut aux larmes, le 9 janvier 1939, celleci a embarqué sur un bateau le «Champollion» à Marseille, en compagnie de ses trois enfants, jeunes adolescents dont les photos figurent sur le document. Après une traversée de quelques jours sur la Méditerranée, la petite famille a enregistré le visa d’arrivée à Alexandrie où leur mari et père les attendaient. Des dizaines, voire des centaines de photos défilent devant mes yeux, et m’ouvrent des portes insoupçonnées ; Héliopolis et ses quartiers d’alors qui n’ont plus rien de commun avec la ville du soleil telle que je la connais si bien, le boulevard Ismail est aujourd’hui totalement transformé, le quartier de la Basilique également... Je n’ai pas les mots pour transcrire mon émotion. J’ai toujours pensé que j’avais été appelé par l’Egypte, et que cet amour qui me lie à elle avait quelque chose d’un peu surnaturel, et voilà que soudain, la révélation est sous mes yeux... Une nouvelle image me montre ma famille posant devant la pyramide de Kheops, à l’endroit précis où je poserai à mon tour, bien des années plus tard. Nul hasard dans ma rencontre avec toi «ya Masr», je n’ai fait que mettre mes pas dans les pas de ceux qui m’ont précédée. Mes mains tremblent un peu en saisissant chaque cliché, et quelques larmes coulent sur mes joues..., mélange de mélancolie et de nostalgie. J’ai toujours eu une relation privilégiée avec ma famille paternelle et cet amour de l’Egypte nous rapproche encore. Bien sûr, mon père m’avait dit qu’il avait vécu une année à Héliopolis dans sa jeunesse, mais ses souvenirs étaient un peu flous, et tel un film qu’on rembobine. J’ai enfin accès à cette histoire familiale, mon émotion est à son comble. J’aime à me dire Egyptienne, et aujourd’hui j’en ressens, non seulement, la fierté mais presque la légitimité..., «ana masria !» Plus que jamais je suis impatiente que la crise sanitaire s’estompe et qu’enfin je te retrouve ya Masr, il me tarde de raconter, de vive voix, à mon Nil bien aimé, cette longue histoire qui nous lie. Gamil as sabr… certes, mais que le temps me dure... Attends-moi ya Masr, je te promets d’être là bientôt In cha Allah kheir.

Tahya Masr !

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